Monthly Archives: janvier 2015

Lettre ouverte à Gérard Deltell

Monsieur Deltell,
Vous m’apparaissez être un honnête homme. Votre parcours un peu sinueux est celui d’un homme de conviction, courageux et engagé. C’est pourquoi je m’étonne que vous ayez envie, du moins on le lit, de vous présenter candidat pour le parti conservateur fédéral.

Le gouvernement de ce parti est le pire qu’on ait vu depuis John A. Macdonald.
Sans l’assentiment du Parlement, sans discussion publique et au mépris de la volonté de la majorité des Canadiens, il a
– réduit la taille de l’État
– changé la politique extérieure du pays et affaibli son influence à l’ONU
– affaibli ses lois protectrices de l’environnement pour ouvrir la voie aux pétrolières
– réduit notre diffuseur public au point de l’étouffer
– lié l’aide internationale à l’enseignement et la diffusion de la religion (ce n’est plus de la redistribution de la richesse, mais la charité que la Canada pratique désormais)
– affaibli la recherche fondamentale, entre autres.
Il a aussi
– muselé les scientifiques (c’est un CRÉATIONISTE que Harper a nommé comme son premier ministre de la science : peut-on mépriser la modernité, le siècle des lumières, sa propre histoire?)
– affaibli Élections Canada
– émasculé la loi qui mettait un peu d’ordre dans les pratiques de financement politique
– étouffé les bureaux d’accès à l’information
– en matière de droit criminel, privilégié la punition à la réhabilitation (c’est moyenâgeux comme comportement)
– rempli les prisons à ras bord et fait payer les gouvernements provinciaux
– réduit considérablement l’accès à l’assurance emploi (un scandale, les travailleurs paient pour, tout de même)
– étouffé les organisations citoyennes qui s’expriment contre ses politiques, notamment environnementales… et ainsi de suite.
Et je n’énumère ici que ce qui est le plus susceptible d’être su par quiconque lit les journaux. Allez savoir le reste!

Ce gouvernement est cachottier et paranoïaque, il profère des mensonges,  additionne les promesses fallacieuses (la réduction des subventions aux pétrolières, par exemple) et adopte des lois mammouths au mépris de la démocratie et du parlement. Et rien n’indique qu’il changera de comportement s’il est réélu. Il continuera son travail de sape de nos institutions, il continuera à faire le contraire de ce qu’il a promis et cela, je le répète, contre la volonté de la majorité des canadiens.

M. Deltell, vous méritez votre crédibilité, vous l’avez acquise au cours de vos années comme politicien québécois, n’allez pas dilapider ce précieux capital aux mains de M. Harper, qui s’en servira et vous écrasera au passage. Vous finirez par être obligé, comme la majorité de ses autres députés, de répéter ad nauseam des inepties dictées par les stratèges de son bureau. (rappelez-vous Christian Paradis durant la campagne électorale). Et s’il vous nomme ministre, votre situation risque d’être pire; vous sentirez encore plus que ce n’est pas vous qui décidez, mais lui et sa garde rapprochée, et cela sous votre nez, sans votre accord.

M. Deltell, vous êtes un honnête homme, n’allez pas vous lancer dans cette aventure. Il y a pouvoir et pouvoir, et celui qu’on vous offre chez les conservateurs est celui de démolir ce qui vous a tenu à cœur jusqu’ici, de détruire ce qu’il nous reste de démocratie et de recours citoyen. L’équilibre budgétaire n’est pas tout; il y a aussi la droiture et l’honnêteté, dont vous personnellement êtes capable. Mais ces qualités-là, on les a fourrées depuis longtemps sous le tapis, à Ottawa.

Bien à vous

Maryse Pelletier, citoyenne.

 

Croyances – doutes

Croyances, doutes
Espoirs et peurs
Naissances et morts
Hier et demain
Alors et maintenant

Les mots (les concepts) sont puissants quand l’égo les utilise comme des slogans – c’est arrivé à de multiples reprises dans l’histoire de la race humaine. Ils deviennent des chants hypnotiques et peuvent mener certaines personnes à exercer des violences contre elles-mêmes et les autres alors qu’elles proclament agir au mieux pour la majorité.

Créer un Dieu dans l’espace à partir de données fumeuses dont la mémoire s’est emparé et Le projeter dans l’espace sensitif du moment présent est un geste de promotion de l’ignorance, et probablement l’ignorance elle-même. Désir, haine et illusion, colère, concupiscence… empiler des revendications, des mérites et des démérites pour amadouer un côté ou l’autre est confondre l’or des fous et l’or véritable.

Le moment vient où on peut se rendre compte de la lourdeur du bagage qu’on traîne, et le désir monte en nous de laisser tomber, de s’alléger. On est fatigué de se battre. Croire ou ne pas croire perd son importance et les armes de la bataille ainsi que ses uniformes deviennent vides d’égo. En laissant tomber, on s’occupe de ce que contient le moment présent et on cesse de faire confiance aux rêves passés ou futurs. Qu’il s’agisse de soi ou de n’importe qui, porter attention au moment présent est faire ce ce qu’il y a de mieux.

Le commencement et la fin existent dans le moment présent. Il n’y a pas d’autre lieu pour connaître son propre esprit.

Monica Hathaway, 12/12/07

Note: On peut avoir des informations au sujet de Monica Hathaway à l’adresse suivante :
http://www.americanyogafoundation.org/index.htm

Laisser aller

Laisser aller
Des cendres du moment, un nouveau moment est né.

Monica Hathaway, 12/12/07

Dialogue pour sourde

C’est pas vraiment que je suis sourde mais que, des fois, je pourrais l’être et que ça donnerait le même résultat! La semaine dernière, par exemple.

Mon amoureux est à table, il jase avec notre voisin, montréalais lui aussi. Les petits oiseaux chantent, les cigales stridulent, le vent pousse un peu les branches vers la maison… Vous avez compris qu’on est au Costa Rica, je vous fais le dessin pour que vous puissiez apprécier la situation vous aussi.

Amoureux : Ouais, mais le “cat five”, il se connecte différemment du “cat six”.
Voisin : Le « cat six », j’ai essayé de l’utiliser mais, faudrait que je passe par mon router avec un splitter RJ45 , et que je reconnecte mon… Je comprends pas que…
– Moi non plus, soit dit en passant!
Amoureux : C’est parce que le « cat five » se connecte comme ça.
– Et là il crochit les doigts d’une manière que j’ai jamais vue.
Voisin : Ah?
Amoureux : … Et le cat six, comme ça.
– Il crochit les doigts d’une manière encore plus compliquée, il n’a pas suffisamment de doigts d’une main et il en ajoute de l’autre.
Voisin : Ouais, mais y en a pas ici, alors qu’est-ce que je fais pour mon tuyau souterrain?

Là-dessus, mon amoureux se lève et va chercher un petit sac marqué Addison – vous voyez, je vous dit tout! – plein, mais archiplein de guidis, duquel il sort, tout fier, un truc qui ressemble à une bibitte verte à grosse tête transparents et à patte unique et tout aussi grosse et transparente. Le voisin ne se peut plus de contentement :
– Wow! T’as trouvé ça ici?
– Ben non!

Vous avez suivi? Vous êtes chanceux. Ou initié.
J’ai pensé écrire une pièce (brève, rassurez-vous) avec un dialogue de ce genre pour parler d’incommunicabilité, mais ça s’avère compliqué vu que je ne possède pas le premier mot du lexique de ce nouveau dialecte.

Je me suis levée et suis allée arroser mes tomates.
 Je veux bien apprendre tout ce qu’il faut pour me débrouiller dans la vie, même un peu plus, mais y a des fois ou ça m’intéresse moins que d’autres. Quand j’aurai la traduction de ce dialogue, je vous en ferai part, promis. Mais ne l’attendez pas avant la saison des pluies, celle pendant laquelle personne n’a besoin d’arroser quoi que ce soit dans son jardin.

Les crampes

Il y a deux nuits, j’ai eu une crampe au pied gauche. La nuit dernière, une au pied droit.

Aujourd’hui, ça a été le tour de la main gauche et, de la façon dont vont les choses, ce sera probablement celui de la droite demain. Suivront les crampes aux mollets, aux cuisses, aux oreilles (!), aux avant-bras, à tout ce qui peut cramper, dans l’ordre ou le désordre.

Il semble donc que le changement, à l’âge que j’ai, ne soit pas que les crampes disparaissent, mais qu’elles choisissent continuellement des membres différents pour se manifester.

Toute une fantaisie!

Bien, mal

Quand je mêle mes jambes à celles de mon amoureux, la nuit, et qu’il se réveille à peine, et que, si je les reprends, mes jambes, il vient les re-chercher sans même s’en rendre compte, j’ai envie de rigoler.

Quand Samanta, 6 ans, vient ici les mardi et les vendredi et qu’elle me saute dans les bras et qu’on se colle, se colle jusqu’à ce que l’envie de s’embrasser et de se dire qu’on s’aime a bien été satisfaite pour un temps, j’ai envie de rigoler tellement je me sens bien.

Mais quand je vois Philippe Couillard déployer son « internationalisme » en anglais à l’étranger, et ici, sa « reconnaissance » envers Ottawa, laquelle va leur permettre à lui et à Ottawa, entre autres infamies, de nous enfoncer des oléoducs dans la gorge, au mépris de la vie, de l’eau, de notre écosystème fragile, du Saint-Laurent qui est notre poumon, notre réservoir, notre corne d’abondance, notre artère principale, notre beauté entre toutes, je rigole moins.

Et quand je vois Harper mener un gouvernement de sape délibérée de nos institutions démocratiques et de notre environnement à coups de fausses promesses, de mensonges, de non-dit, de non-discuté, de non-présenté, de non-débattu, et cela dans le secret, l’arrogance, et, au bout du compte, dans le mépris profond, indécrottable, incommensurable, de la grande majorité des Canadiens qui ne voteraient pas pour lui s’ils savaient tout ce qu’il leur cache, j’ai beaucoup moins envie de rigoler.

Et quand j’entends parler de Boko Haram, vraiment, je n’ai plus envie de rigoler du tout.

Contre Couillard, contre Harper, je n’ai qu’un vote, et ce blogue.

Contre Boko Haram, je n’ai qu’une signature, et ce blogue.

Je suis contente, au fond, de me sentir bien, ça me rend capable de me sentir très mal pour tout ce qui se passe de mensonges, d’abus et de mépris et de violence autour de moi. À cause de tous ces élus qui, finalement, ne servent qu’eux-mêmes et pas nous, servent leur propre futur et pas le nôtre. À cause de tous ceux qui, en définitive, pensent qu’ils savent mieux que moi ce qui est bon pour moi. Et me l’imposent.

 

Quoi d’autre

Filtrer l’huile
laver la casserole
nettoyer le comptoir
sentir ses pieds au chaud
oui
mais la vie, la vie

Changer les draps
ouvrir la porte
balayer l’entrée
soulever la poussière
dans la lumière
oui
mais la vie, la vie

Descendre l’escalier
marcher au coin de la rue
sortir sa monnaie
acheter du fromage
un journal trois bières
revenir tête baissée
en pensant à autre chose
oui
mais la vie, la vie

Regarder ses doigts
penser aux gens qui rient
se douchent
s’embrassent
se querellent
ou courent à perdre haleine
regarder ses doigts encore
essayer de toucher
l’indicible l’invisible
le discret le serein
l’énergie pleine et vide
oui
et la vie la vie.

 

Le scorpion

Hier, mon amoureux et et moi avons travaillé à notre potager. Ici, au Costa Rica, il est constitué de 4 carrés de blocs de béton disposés autour d’une table ronde également en béton. Les bacs ont une hauteur variable, à cause de la pente du terrain, mais ils nous vont généralement à la taille, et on peut y travailler debout sans se défaire le dos.

Il fallait casser littéralement la terre glaiseuse, l’alléger et l’enrichir, pour pouvoir ensuite semer, entretenir – et déguster éventuellement, c’est ça l’idée.

C’est D. qui fait le travail d’homme, et moi je réponds à ses questions ( “Ça va comme ça? – Non, un peu plus de caca de vaca, s’il-te-plaît”) en raffinant les mottes de mes mains gantées.

Soudain, sous sa binette, a surgi, affolé, un scorpion noir, vraiment gros, vraiment grand, au moins grand comme ma main, et j’ai de grandes mains. – Vous saisissez qu’il était impressionnant, non?

D., sans hésiter, l’a coupé en morceaux avec la binette, puis l’a écrapouti sous ses pieds.

On a respiré un bon coup.

C’est le deuxième qu’on voit. Le premier, il y a quelques années, beaucoup plus petit, s’était caché dans une chemise laissée trop longtemps suspendue au bas de l’escalier.

Conversation, plus tard, à table :
Moi, analysant : Je savais pas que les scorpions vivent dans la terre…
Lui, renchérissant : Moi non plus, jusqu’à présent, je pensais qu’ils vivaient dans les vêtements!

Ah, la joie d’apprendre, toujours renouvelée!

 

PROJECTIONS

Les croyances nourrissent les conflits d’autorité, les doutes, et la logique des arguments qui veulent démêler le vrai du faux (ainsi, le doute devient inutile).

La vérité, dans le sens extrême de blanc et noir, est une invention humaine qui peut être utilisée socialement comme un pouvoir pour conditionner l’esprit et l’énergie, en les mettant en conflit avec eux-mêmes. Les croyances se multiplient, et bloquent le chemin des sens vers le centre de l’être (tout ce qui existe en notre centre). La croyance est considérée comme un espoir, le doute, comme de la peur – Si tu ne crois pas ce que je crois, j’ai peur de toi : tu doutes de ma fonction, en un sens, et tu te moques de ma structure.

C’est la vision de l’égo, instable et reliée à de grands et violents virages vers des conclusions et des conversions émotives.

Monica Hathaway, 12/12/07
Traduction de Maryse Pelletier, 14/01/15

Note : J’ai pensé que ce petit texte de Monica pourrait éclairer les événements des derniers jours.

Bonjour et bienvenue

Bonjour.

Bienvenue à tous ceux et celles qui se sont rendus ici à travers les milliards de  connexions se mouvant dans les airs et dans les fils – souterrains, sous-marins, sur-terrains et sur-marins.

Je regarde les jours couler, et l’envie m’est venue de déposer des textes sur mon site pour ceux qui veulent les accueillir. Comme on égrène de petites pierres blanches pour voir le chemin qu’on a pris dans la vie. Et si mon chemin correspond à celui de plusieurs autres, en tout ou en partie, tant mieux. Si le loup les dérange, les pierres se retrouveront ailleurs que d’où elles viennent – ce n’est pas le destin des pierres de retourner à leur origine ; et si le loup ne les dérange pas, elles bougeront d’elles-mêmes un jour, ne serait-ce que pour s’enfoncer dans le sol.

Tout va, tout change, tout se transforme. Vite ou lentement, mais incessamment.

J’aimerais rendre compte de ce changement pour l’avoir à la conscience. Pour contrer ma tendance à fixer les images, les gens, les choses. Fixer comme dans : rendre fixe, immobile. Il y a de cette tentation en chacun de nous, je crois. Ça fait partie de notre nature. Et je veux rogner, éroder cette envie de solidité parce que…

Parce que tout va, tout change, tout se transforme. Et que je choisis d’être avec cette impermanence plutôt que contre.