Monthly Archives: avril 2015

Mes amies écrivaines

J’ai la chance inouïe d’avoir deux amies écrivaines. Il n’y a pas grand monde qui peut en dire autant.

Si vous n’avez pas d’amies écrivaines, vous ne passez pas de longues soirées à rire, et que ça fait tellement de bien que vous vous en souvenez des mois durant. Si vous n’avez pas d’amies écrivaines, vous ne connaissez personne qui soit si à l’affût d’idées, si convaincue qu’il faut les choisir, si certaine que les idées ne sont rien en soi, mais qu’il faut les travailler, les travailler, et les travailler encore.

Vos amies écrivaines sont comme vous, elles ne savent plus de quelle façon répondre à la fameuse question qu’on leur pose tout le temps « Où vous prenez vos idées? ». Elles savent que les idées ne sont pas comme des ballots de paille. On peut en avoir des milliers, mais il n’y en a qu’une qui, de temps en temps qui s’inscruste suffisamment fort et bien pour qu’on puisse la travailler, et la travailler encore jusqu’à ce qu’elle finisse par générer 100 ou 200 pages. Et donner à peu près satisfaction. Une « oeuvre » qui peut être lue, comprise et appréciée par d’autres, comme un lien tangible vers l’invisible, un bouffée d’air frais dans un monde pollué.

Si vous n’avez pas d’amies écrivaines, vous ne connaissez personne qui travaille autant pour si peu, qui doit de gagner des prix pour s’acheter un manteau, qui attend les chèques annuels de droits sans jamais savoir à l’avance quel en sera le montant, mais qui compte sur ce chèque-là pour pouvoir payer son électricité.

Mes amies écrivaines savent calculer, c’est vital, elles savent surtout regarder et écouter, c’est fondamental, elles travaillent à apprivoiser la vie, leur vie. Elles essaient de survivre à ce besoin qu’elles ont de raconter, sachant que ce besoin est à la fois leur force et leur faiblesse. Sans ce besoin irrépressible, elles seraient infirmières ou professeurs, elles auraient droit à une retraite, elles auraient une vie qui n’a pas besoin de se faire comprendre, dire, raconter, pour laquelle elles auraient moins de respect, peut-être, mais plus d’amitié. Quand on est ballottées sur sa mer intérieure et qu’on ne n’a pu se construire qu’un petit bateau à rames, on a beaucoup de respect pour la mer, très peur que le ciel se couvre et beaucoup d’attachement à son embarcation.

Si vous n’avez pas d’amie écrivaine, vous qui écrivez, trouvez-en une, au moins. Elle partagera votre île solitaire sans jamais vous imposer un seul mot à dire, une seule pensée à écrire. Parce que la principale qualité des amies écrivainces, c’est qu’elles savent respecter tout dans l’être, tout dans l’écriture. Tout dans les autres.

Hommage à mes amies écrivaines et à leurs amies, qui savent qu’elles ont accès à un trésor d’une richesse insensée, fragile, mais inépuisable.

La base

Pour chacun d’entre nous, il est important de comprendre la structure et le fonctionnement du corps. La connaissance de son alignement naturel et de son potentiel naturel de guérison font du fait de vivre dans son corps, ici et maintenant, une joie plutôt qu’une calamité à supporter.

Le corps est mouvement, c’est lui l’aspect actif de l’être. Corps et être ne sont séparés que par la conceptualisation de l’intellect. Espace et mouvement ou émotions en mouvement ne sont pas non plus séparés. L’activité, et notre attitude en la pratiquant sont l’espace en mouvement et en émotion. La forme n’est pas une substance étrangère qu’on doit considérer avec peur et méfiance, comme plusieurs d’entre nous le croient, dans leur ignorance. L’élément esprit et l’élément corps, les charges positives et négatives, rendent la maîtrise de soi possible, dans le sens le plus réel. C’est la communication immédiate entre ce qui apparaît pour les sens être deux éléments séparés qui est le lien. Si ce lien n’existe pas, on rate tout. Les problèmes entre le corps et l’esprit proviennent de l’absence de ce lien. Le lien spontané des éléments positifs et négatifs (l’invisible et le visible) est la clarté de l’être. Ainsi, pensée et activité ne sont pas séparés, même s’ils semblent l’être quand ce lien manque.

La connaissance de l’alignement offre la possibilité à une personne d’avoir une maîtrise de soi dans toutes les activités où elle s’implique.

Monica Hathaway, 18/04/03
traduction de Maryse Pelletier

Pauvres tourterelles!

Un jour, j’étais avec papa, la porte patio de son appartement était ouverte, et nous avons entendu des tourterelles chanter. Vous savez, ces oiseaux beige et brun qui ont une chant composé (c’est beaucoup dire…) de quatre notes pareilles et répétitives? Il m’a avoué spontanément qu’il détestait le chant des tourterelles. Il ne bavardait pas, papa, ne faisait aucune fioritures avec les mots et n’exprimait que le strict nécessaire ou à peu près. Alors, qu’il avoue une haine envers chant des tourterelles était assez surprenant en soi pour que je m’en souvienne.

Sur le coup, j’ai été étonnée. Pourquoi, franchement, détester les tourterelles? Leur chant est répétitif, et puis après? On l’oublie, après quelques minutes. Pourquoi s’attarder à haïr ce qu’on ne peut changer? Pourquoi, en plus, en parler? Ça ne fait qu’encourager le sentiment à se développer, comme une crème qu’on fouette pour la faire gonfler.

C’est seulement plus tard, en combinant des informations éparses, que j’ai compris comment il en était venu là.

Après la mort de maman, il s’était remarié – j’ai l’air de remonter au déluge, mais attendez… Sauf que, par naïveté, par enthousiasme, il s’était mis en ménage rapidement et, ce faisant, s’était fait jouer un vilain tour. Sa nouvelle épouse s’est révélée être d’une jalousie maladive, et le terme n’est pas exagéré. Par exemple, elle l’accusait de faire l’amour avec sa belle-fille dans les toilettes de son propre appartement – quand on en est là, on n’a plus beaucoup de tête qui nous reste, non?

Il n’en revenait pas. Il ne savait pas quoi faire pour que les accusations cessent de pleuvoir sur sa tête. Il ne s’était pas rendu compte tout d’abord qu’il avait affaire à une femme malade et essayait de la raisonner, de nier, de se tenir loin, de changer de sujet, rien n’y faisait. Elle était envers lui d’une jalousie obsessionnelle, et l’intelligence, la droiture, l’honnêteté dont il faisait preuve ne valaient pas des clopinettes quand elle avait décidé qu’il la trompait. Un homme qui essaie de se comporter comme un chrétien respectueux des lois de Dieu ne s’attend pas à ce qu’on l’accuse, et sans arrêt, d’un péché qu’il n’a pas commis et que, peut-être, il n’a pas l’intention de commettre.

C’est en Floride, alors qu’il y passait l’hiver en compagnie de cette nouvelle épouse, qu’il a découvert cela. Et, tout près de l’appartement qu’ils avaient loué, des tourterelles ne cessaient, du matin au soir, de chanter leurs quatre notes répétitives, lancinantes.

Il est devenu tendu, perdu, bouleversé, déstabilité ; mais, incapable de nommer son état, coincé qu’il était entre son devoir, le sentiment d’une injustice profonde et l’incapacité à changer ou dominer la situation, il était désespéré. Son désespoir se transformant au fil des jours en colère et en irritabilité, il en est venu à évacuer sa souffrance et sa tension en jetant son dévolu sur le chant des tourterelles.

Je n’ai jamais pu en parler avec lui. J’ai fait tous ces liens trop tard, malheureusement. Mais c’était un grand garçon responsable, je ne l’ai jamais vu jeter des cailloux aux oiseaux du haut de son balcon et, quand cette épouse est morte, il n’a plus jamais parlé des tourterelles.

À divers degrés, on a tous, je le pense, nos tourterelles. Nul besoin de subir les crises d’une personne obsessionnelle dans notre environnement pour en arriver détester ceci ou cela, et surtout ce qu’on est impuissant à changer. Pour les uns, c’est le bruit – les pauvres! – pour les autres, c’est le jazz, l’odeur des camélias, la couleur rose ou les files d’attente.

Depuis ce temps-là, j’essaie de débusquer mes tourterelles à moi, pauvres créatures, événements ou objets qui me servent de repoussoir, qui illustrent et symbolisent mon incapacité à accepter une situation ou mon refus de m’y adapter. C’est pas toujours simple.

Mais le chant des tourterelles, que j’entends presque tous les jours, est là pour me rappeler de continuer l’exercice. Les tourterelles ne méritent pas qu’on les haïsse. Ni le rose, les files d’attente, le jazz ou le bruit, non?

Blues de l’adoration

Qu’est-ce qui peut être plus agressant ou intimidant que l’image humaine de Dieu? On veut aller pique-niquer par une journée ensoleillée et il s’en fout ; il dérange nos plans et envoie de la pluie sur notre pique-nique, et on est peut-être en colère contre lui sans oser le dire. Mais, puisqu’il est Dieu et qu’il nous a faits à son image, on continue à le défier, de sorte que l’agression et l’intimidation deviennent un mode de vie. On ne sait pas pourquoi il est si fâché contre nous qu’il envoie de la pluie sur nos défilés ou nos pique-niques, une tornade ou un ouragan qui détruit les maisons de carton de nos communautés. Mais puisque nous l’avons créé, nous devons créer des raisons pour sa colère contre nous, et la fiction continue, se nourrit de notre énergie, et s’avère le virus le plus violent jamais identifié sur cette planète, dans tout l’univers, en fait.

Pour admirer l’agression, il faut se placer soi-même dans la position de l’agressé, interprétant tout ce qui nous arrive comme survenant pour le bien de l’humanité ; bien sûr, (tout timides que nous soyons) nous sommes le genre humain, la plus importante création à laquelle Dieu ait jamais pensé. Quand on n’en peut plus de soi-même, peut-être serait-il bon d’examiner nos croyances plutôt que de se plaindre des mauvais traitements qu’on dit recevoir d’ailleurs. Pour admirer l’agression, il faut se sentir aggressé ; c’est la définition même de la hiérachie. Si on est trompé par le grand spectacle de cette lutte de pouvoir, on continue de souffrir de la vie plutôt que d’en profiter.

Les idées d’agresseur et d’agressé sont en relation directe avec la croyance en un Dieu qui divise: Yaveh et Satan, Bien et Mal. Deux émergent d’un. L’agressé et l’agresseur s’agitent ensemble dans le miroir de l’esprit, doublés par l’attachement à l’autre.

Monica Hathaway, 10/04/03
traduit par Maryse Pelletier

Orchidée

Spécimen d'une grande beauté. Pour le plaisir encore.

Spécimen d’une grande beauté. Pour le plaisir encore.