Monthly Archives: février 2018

Précis

Les poètes du passé nous ont comparés à des grains de sable, des gouttes de rosée et des poussières dans le vent.

Les comparaisons sont des outils pauvres, elles manquent de justesse. La vraie poésie voit et dit exactement ce que nous sommes : des humains.

La race humaine parle à travers moi. C’est ce que je suis.

Monica Hathaway, M201
trad. Maryse Pelletier

Même orchidée rose sur même table de bois.

Détail de la « mormodes ».

Orchidée rose sur une table de bois

Type de « mormodes », orchidée indigène de la région du Pacifique sud, Costa Rica.

Allons-y, ou Laissons aller ?

On est assis et on parle avec des connaissances sur lesquelles on est tombés par hasard, et ces gens nous ont invités à prendre un café ou un verre, peu importe. On pense : « Ouais, je pourrais prendre un petit moment pour échanger avec eux ». Et on s’est assis dans ce but précis. Mais à tout moment ou presque, on se demande combien de temps a passé et si on ne devrait pas retourner aux tâches plus importantes de notre journée. On espère ne pas perdre notre temps.

Pendant ce temps, en surface, on paraît intéressé à ce que ces gens disent parce qu’on ne voudrait pas qu’ils sachent qu’on n’est pas vraiment attentifs à leur discours. Soudain, ils ont capté notre attention pour un instant, quand ils racontaient une expérience fascinante qu’ils ont vécue en faisant de la plongée sous-marine. On est vraiment entrés dans leur histoire pendant un moment, puis, tout aussi soudainement, les plans qu’on avait avant de s’asseoir nous reviennent à l’esprit. Et on se presse de terminer la rencontre en s’excusant de devoir aller rapidement à nos affaires. Peut-être qu’on doit aller à la maison faire du ménage et du lavage avant que notre mari arrive et lui préparer un bon repas à temps, pour une fois ! Ou peut-être qu’on doit aller à un cours sur la décoration, qui nous aidera à planifier les changements dans notre nouvelle maison. De sorte que notre esprit est à moitié ici et à moitié sur autre chose. On doit partir, mais on aimerait rester, peut-être qu’on se verra une autre fois pour reprendre la conversation. On dit au revoir et on se presse d’exécuter les tâches déjà programmées.

Cette énergie est celle de l’ambition, elle est la source d’un inconfort constant dans notre corps, et cet inconfort génère des plaintes de toutes sortes. Il semble que, où qu’on soit, on soit insatisfait du progrès accompli dans l’atteinte de nos objectifs. Alors, on se perche sur le bout de notre chaise, prêt à bondir et à courir ailleurs, ou on reste perchés, fascinés, incorporant l’histoire de la plongée sous-marine pour pouvoir la raconter à notre mari, notre épouse, ou notre compagnon plus tard. On pourrait peut-être aller plonger aussi et vivre une expérience semblable. Notre esprit saisit des choses, s’y agrippe, veut les faire et les avoir. Il est rempli d’ambitions, de « ce qu’on n’a pas encore fait », et de « ce qu’on n’a pas encore acquis » qui, semble-t-il, pourrait nous combler. Notre corps est un paquet de tics, de secousses et de sauts, et on se plaint constamment d’être fatigués.

Cela se produit non seulement quand on est assis, mais même quand, debout à faire la vaisselle, la sonnette retentit, ou quand on marche en rentrant à la maison en pensant à sortir le chien ou à nourrir le chat. Puis la journée finit, on se couche en pensant à dormir de sorte qu’on puisse se reposer et se réveiller le lendemain frais et dispos pour assister à la rencontre annuelle des membres de notre profession. Mais, dans notre hâte de dormir, on tourne et retourne dans notre lit, et on se lève le lendemain avec l’impression d’être épuisé, en pensant qu’on aurait dû se coucher plus tôt. On va à la rencontre et on écoute à moitié, on se perche sur le bout de notre chaise et on pense à faire, peut-être, un peu de méditation quand on sera de retour à la maison. On retourne finalement chez soi, on enlève son manteau, on prend une tasse de thé, on s’assoit pour méditer et… on s’endort.

C’est l’énergie de l’ambition qui travaille, joue, étudie et s’exprime dans nos batailles quotidiennes. Elle peut être douloureuse.

Note : Ce jonglage constant avec des notions dualistes, cette capacité toute simple pour le dualisme, est l’esprit de base « sem ». Quand on essaie de savoir ce qui se passe, c’est « rikpa », un développement plus avancé de l’esprit ; il analyse les possibilités de différentes approches. Le troisième aspect, « yi », est la conscience des six sens (les cinq premiers sont la vue, l’odorat, le goûter, l’ouïe et le toucher). « Yi » est la sensibilité mentale associée avec le cœur, et il a une sorte de fonction d’équilibre. Quand vous entendez un son, que vous voyez quelque chose, vos sens sont synchronisés par le sixième sens pour constituer un seul événement. Vous pouvez voir, entendre, goûter, sentir et ressentir tout en même temps, et le tout est cohérent pour vous à cause du « yi ». Connaître ces trois aspects de l’esprit est un outil qui peut aider à comprendre les fouillis magnifiques qui peuvent naître de nos efforts quotidiens pour rendre la vie merveilleuse.

Monica Hathaway, M201
trad. Maryse Pelletier