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Petit guide pratique pour élargir la perception et la conscience

Disons. Mettons qu’un jour vous voulez élargir votre conscience de l’univers. Mettons.

Commencez par regarder vos pieds. Puis, cessez de les regarder et sentez-les sur le sol, n’importe quel sol: gazon, pierre, herbe, roche, bois – mais vous l’identifiez, ça va de soi.

Puis, imaginez la terre sous cet appui. La terre sous le plancher, l’herbe, le béton ou le bois, qui ne sont que des surfaces sans profondeur. Allez dessous. Allez. Voyez les vers de terre, les insectes en dormance, ceux qui se nourrissent des racines, appréciez les cailloux, le sable, l’eau infiltrée, puis, plus bas, les cavernes peut-être, le roc. Allez encore plus loin dessous. Encore plus loin. À des kilomètres dessous. Puis des milliers de kilomètres. Jusqu’à l’autre côté de notre boule, si loin dessous que ça devient loin devant et loin derrière.

Ça y est? Vous êtes rendu en Chine, en Australie?

Maintenant que vous avez les pieds bien déposés sur notre planète, regardez devant vous. Sentez l’air sur vos bras, vos jambes, votre visage. Sur toute votre peau, directement ou à travers vos vêtements. L’air qui fait pression. Un peu. Et qui pénètre dans vos narines et vos poumons. Puis l’espace. Vous aspirez l’espace, en fait. Le lieu où tourne notre planète, ses pollens, ses odeurs, ses nuages, les tempêtes qui s’y préparent, ses âmes errantes (si vous y croyez), ses engins spatiaux, ses déchets spatiaux aussi, ses satellites, sa couche d’ozone, sa lune, le soleil, les trous noirs, les étoiles, notre galaxie…

Il faut un peu de temps et de concentration pour embrasser toute notre galaxie d’un seul souffle, mais on y arrive. Vous êtes partie de cette galaxie-là – et des autres aussi, ne vous en faites pas. Vous, ce souffle minuscule de vie, vous respirez l’immensité, c’est elle qui s’insère dans vos cellules. L’immensité.

Votre conscience vient d’éclater. Elle se projette dams l’infini, un instant au moins.

Et vous souriez. Vous souriez, n’est-ce-pas?

Planter un tilleul

Vieillir, ça ne se passe pas dans la tête, mais dans le corps.

J’ai dans la main droite un pot plein de terre, dans la gauche, une pousse de tilleul, et il faut que j’aille chercher la pelle, du compost, du paillis et le boyau d’arrosage pour mettre en terre cette pousse et l’arroser ensuite. Je fais des calculs pour ne pas faire trois voyages vers la terre, le compost et le boyau, qui sont à trois endroits différents, bien entendu. Déjà que j’ai fait le tour de la maison pour récupérer la pousse de tilleul – je ne savais plus où je l’avais mise. Avant, je ne calculais pas mes pas. Maintenant, si. Ça se fait tout seul, on dirait. J’aime toujours autant l’idée de planter un tilleul, ou n’importe quoi, mais le faire ça demande, un peu. Ça demande autre chose que l’idée.

Et je me surprends à me dire que c’est ça, vieillir. C’est calculer ses pas, ses déplacements pour s’économiser. Mais j’ai planté mes deux tilleuls quand même. Na! Et j’avais mis quelques autres plants en terre avant. Y a toujours ben des limites!