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QUI

Vous êtes qui vous êtes.
Vous ne pouvez être rien d’autre que ce que vous êtes.
La pensée de s’aimer ou ne pas s’aimer a un côté aussi drôle que de mettre du sel sur un plancher huileux pour s’empêcher de tomber.

Monica Hathaway. M 105
trad. Maryse Pelletier

L’émotion

Elle s’en fout
Elle aime et déteste
Elle attire et repousse
Elle accepte et rejette
Comprenez-vous?

Monica Hathaway, M105
Trad. M. Pelletier

Ne vous en faites pas

Les secrets coulent petit à petit
Inutile d’en arrêter le flot
Ils ne risquent pas de disparaître
Tout se saura.

Monica Hathaway, M 105
traduction de Maryse Pelletier

Qui est ici

L’amour n’a aucun désir de plus ou moins.

Il est, c’est tout.

Monica Hathaway, M 105
traduction de Maryse Pelletier

Méditants anonymes

Pourquoi se donner tant de mal? Pourquoi s’acharner?
Il n’y pas de quoi avoir honte! Nous sommes tous pareils
Une douleur au dos, un point aux côtes, un imprévu, un pouce foulé
Assis, assis, assis! Marche, marche, marche! Patience!
Quand la cloche sonne, retour à la besogne

L’aversion s’est déployée et a envahi l’espace
Le feu s’est échauffé et la fumée, densifiée
On a appelé ça aversion pure
Puis feu et glace se sont croisés et consumés
De la libération de cette énergie primaire sont nés chaleur et paix

Le ciel dessus, l’enfer dessous.
Environnements spacieux et rayonnement du Dharma
Peut-être que, cette fois, nous allons nous envoler pour de bon
Et échapper à jamais à notre affliction

Certains aiment se confesser discrètement
Moi je préfère battre mon tambour dans le vent

Il l’a fait, elle l’a fait, je l’ai fait, ils l’ont tous fait, nous l’avons tous fait
On est tous fatigués de ce faisage qu’on a fait
La cloche tinte, c’est terminé.

Toi et toi? Toi aussi?
C’est trop beau pour être vrai
J’aurais dû le savoir
Personne n’échappe pas à la glaire gluante
On dirait que le monde est petit, finalement

Monica Hathaway, M105
Traduction Maryse et Renée Pelletier

Le monde des six sens

L’ouie en elle-même : reconnaissance de différents tons
La vue en elle-même: reconnaissance de différentes formes et couleurs
Le goût en lui-même : reconnaissance de différentes saveurs
L’odorat en lui-même: reconnaissance de différentes odeurs
Le toucher en lui-même : reconnaissance de différentes textures
La conscience en elle-même : reconnaissance de différentes combinaisons des ci-nommées cinq expériences sensorielles.

L’égo en lui-même : ce qui sépare les sens ci-dessus nommés en agréable et désagréable, souffrant et plaisant, bon et mauvais, clair et sombre, passé et futur, grand et petit, guerre et paix, permis et défendu, gagnant et perdant, naissance et mort, ciel et enfer, soi et les autres, créateur et destructeur, Dieu et Satan; ce qui joue avec les oppositions et provoque l’apparition du Samsara.

Le Samsara en lui-même : reconnaissance que le choix des opposés, que les états mentaux utilisent pour asseoir leur pouvoir, est essentiel à la continuité de l’existence. Dans ces états mentaux, le changement est vu comme la capacité de choisir.

Le changement tel qu’en lui-même : la reconnaissance de l’existence comme étant le jeu spontané des éléments.

Monica Hathaway, M105
traduction de Maryse Pelletier

Qu’est-ce qui ne va pas? Ça!

L’esprit du samsara, l’ego, dans son effort pour créer un état de conscience calme, cherche de façon paranoïaque la cause du gain ou de la perte d’un dérangement mystérieux, la cause d’un succès ou d’un l’échec, et en trouve, du genre :

« S’il ne m’avait pas fait ça, “ça” ne reviendrait pas me hanter ! »

« C’est ça qui ne va pas ! Il faudrait que je me le chasse de l’esprit, mais je ne peux pas ! »

« C’est toi qui ne vas pas, c’est toi qui me déranges. Alors, ou bien je te chasse de mes pensées, ou il faut que tu partes ! »

« Tu m’aides à rester calme. Il faut que je sois près de toi sinon je perdrai mon calme. »

« Ne me quitte jamais. Même la pensée de ton départ me perturbe. Il vaudrait peut-être mieux que je parte avant d’être trop impliquée. »

« Il faut que je m’enfuie de cet endroit qui ne me supporte qu’à moitié ! Personne ne comprend ma situation désespérée ! »

« Au secours  ! Je ne peux pas traîner tous ces gens, tous ces trucs dans ma tête. Ils me dérangent sans arrêt et me distraient de moi ! Dieu, aide-moi ! »

« Au secours ! Au secours ! Ma maison est en feu et mes enfants brûlent ! »

« C’est trop ! C’est plus que je n’en peux supporter ! Aide-moi à porter ma croix et je te récompenserai abondamment. Je t’ai eu ! »

Ou, peut-être :

Une vieille mémé vivait dans un soulier
Elle avait tant d’enfants qu’elle était embourbée
Elle pouvait les aimer, les nourrir, les bercer
Et les gifler tout plein avant de les coucher.

Laissez les morts enterrer les morts.

Monica Hathaway, M105
Traduction de Maryse Pelletier

Survivre

Le contact des six sens est, semble-t-il, très important pour notre bien-être. On dit : « Je me sens bien », quand une image plaisante touche nos yeux. Si quelqu’un nous touche et que ce contact est plaisant : « C’est bon ! » ; si une saveur touche notre sens du goûter et qu’elle est agréable : « Ça goûte bon ! »; si une odeur touche notre odorat et qu’elle nous plaît : « Ça sent bon ! », si un son touche notre ouïe et qu’il nous plaît : « Ça sonne bien ! », et si une pensée plaisante touche nos facultés mentales : « C’est bon ! ». Bien sûr, le contraire peut aussi arriver ; on pourrait dire : « C’est mauvais ! », ou se retrouver devant du déjà vu, de l’ennuyant or du sans intérêt pour nous.

Nous sommes très dépendants du travail de nos sens. Le fait que le monde extérieur les touche nous rassure sur le fait d’être vivants dans un corps sensoriel. La perspective de rompre le contact avec eux nous donne la sensation ou la peur d’être mort ; l’absence de contact nourricier avec le monde extérieur est synonyme de famine. Habitués que nous sommes à nourrir nos sens, nous faisons tout pour qu’ils ne souffrent d’aucun manque. La privation qu’on leur imposerait nous apparaîtrait être une torture ou une punition pires que la douleur physique. En état de douleur, au moins on sait qu’on est vivants, dit-on, ou que n’importe quelle mauvaise expérience est meilleure que rien pour nos sens. S’accrocher ainsi aux expériences sensorielles naît du désir pour la vie, de l’avidité qui affirme « qu’on ne peut jamais en avoir assez pour se prouver qu’on vit ».

La seule idée de se priver délibérément du contact avec nos sens est révoltante, et il n’y a que des gens fous pour souhaiter cela pour eux et les autres. Les disciplines variées de la doctrine bouddhiste demandent pourtant que nous accomplissions cet acte révoltant. Nous nous y mettons à la diète, même au jeûne, et laissons tomber les preuves d’être vivants que nos sens nous fournissent. Bien sûr, ce sont les contacts qui nous amènent le bien-être que nous avons le plus de mal à laisser tomber, comme dans : « Je me sens bien quand tu me touches ! ». (Est-ce que ça implique : « Je me sens mal quand tu ne me touches pas »?)

Il me semble qu’être dépendant du champ sensoriel pour nous sentir vivants ne soit qu’un esclavage d’une ampleur à nulle autre pareille. Suivre la discipline de la doctrine est, en effet, difficile, mais le facteur libérateur est une libération à nulle autre pareille.

Monica Hathaway, M104
Traduction de Maryse pelletier

Zut !

De nos jours, ce n’est pas payant d’être bien, semble-t-il. Toute l’attention des gens est portée vers les estropiés, les handicapés, les victimes d’abus, les malades, ceux qui sont menacés d’extinction, et on les paie. Personne ne veut dépenser son temps précieux avec quelqu’un qui est bien. Le temps, c’est de l’argent. On est payés pour le temps qu’on passe avec ceux de la liste ci-dessus. Si ce n’est pas en argent sonnant, c’est sous forme d’écussons, signe de bon travail karmique, avec lesquels on peut acheter son entrée au ciel. Le problème est que les bien portants sont de moins en moins nombreux et que ce sont des malades qui prennent soin des malades. Si les choses continuent ainsi, ce ne sera plus payant d’être malade.

Monica Hathaway, M104
Traduction Maryse Pelletier

Un corps sain à partir d’une vision saine

On passe probablement la plupart de son temps à travailler pour se transformer en un repas intéressant pour l’appétit sensoriel de quelqu’un d’autre. Même l’idée de l’illumination pourrait être un plat succulent du festin de l’esprit.

J’ai remarqué que, à travailler sur le corps et à souhaiter sa santé – dans le sens le plus plein -, on continue à y projeter de la confusion, par exemple des images de ce qu’on pense être attrayant en vertu de notre conditionnement culturel. À cause de ces modes auxquelles on adhère, la configuration naturelle du corps devient confuse et ne peut pas répondre à la demande de se mouler à ces images mensongères.

On mêle le réel et la pensée. La séduction qu’on veut atteindre est malsaine et déséquilibre le corps, ses systèmes et ses formes. Votre corps ne peut ressembler qu’à un vrai corps pour demeurer en santé. Si on lui dit de regarder, de sentir, de résonner, de goûter, de ressentir et de penser séduction selon le style des corps de nobles messieurs-dames, il ne peut que paraître troublé, tordu et déséquilibré, oscillant comme un pendule entre ni ceci ni cela. Son centre tombe en panne. Dans la recherche narcissique du goût, de l’allure, de la sensation et de la pensée de l’autre, et du fait qu’il vous accepte comme un être à six sens, le fonctionnement sensoriel devient confus. On se regarde de la même façon que, supposément, un autre nous regarderait, cet autre étant une vision culturellement conditionnée d’être.

Laissez tomber les tentatives d’attirer ou de plaire, et trouvez le vrai centre de ce corps à six sens que vous avez. Donnez à votre corps le message qu’il est libre d’être ce qu’il est dans sa structure et sa fonction.

Note : On choisit même son travail ou sa profession selon ce que l’autre pense ou dit attrayant en vertu de son conditionnement culturel.

Monica Hathaway, M104
traduction de Maryse Pelletier