Lettre ouverte à Gérard Deltell

Monsieur Deltell,
Vous m’apparaissez être un honnête homme. Votre parcours un peu sinueux est celui d’un homme de conviction, courageux et engagé. C’est pourquoi je m’étonne que vous ayez envie, du moins on le lit, de vous présenter candidat pour le parti conservateur fédéral.

Le gouvernement de ce parti est le pire qu’on ait vu depuis John A. Macdonald.
Sans l’assentiment du Parlement, sans discussion publique et au mépris de la volonté de la majorité des Canadiens, il a
– réduit la taille de l’État
– changé la politique extérieure du pays et affaibli son influence à l’ONU
– affaibli ses lois protectrices de l’environnement pour ouvrir la voie aux pétrolières
– réduit notre diffuseur public au point de l’étouffer
– lié l’aide internationale à l’enseignement et la diffusion de la religion (ce n’est plus de la redistribution de la richesse, mais la charité que la Canada pratique désormais)
– affaibli la recherche fondamentale, entre autres.
Il a aussi
– muselé les scientifiques (c’est un CRÉATIONISTE que Harper a nommé comme son premier ministre de la science : peut-on mépriser la modernité, le siècle des lumières, sa propre histoire?)
– affaibli Élections Canada
– émasculé la loi qui mettait un peu d’ordre dans les pratiques de financement politique
– étouffé les bureaux d’accès à l’information
– en matière de droit criminel, privilégié la punition à la réhabilitation (c’est moyenâgeux comme comportement)
– rempli les prisons à ras bord et fait payer les gouvernements provinciaux
– réduit considérablement l’accès à l’assurance emploi (un scandale, les travailleurs paient pour, tout de même)
– étouffé les organisations citoyennes qui s’expriment contre ses politiques, notamment environnementales… et ainsi de suite.
Et je n’énumère ici que ce qui est le plus susceptible d’être su par quiconque lit les journaux. Allez savoir le reste!

Ce gouvernement est cachottier et paranoïaque, il profère des mensonges,  additionne les promesses fallacieuses (la réduction des subventions aux pétrolières, par exemple) et adopte des lois mammouths au mépris de la démocratie et du parlement. Et rien n’indique qu’il changera de comportement s’il est réélu. Il continuera son travail de sape de nos institutions, il continuera à faire le contraire de ce qu’il a promis et cela, je le répète, contre la volonté de la majorité des canadiens.

M. Deltell, vous méritez votre crédibilité, vous l’avez acquise au cours de vos années comme politicien québécois, n’allez pas dilapider ce précieux capital aux mains de M. Harper, qui s’en servira et vous écrasera au passage. Vous finirez par être obligé, comme la majorité de ses autres députés, de répéter ad nauseam des inepties dictées par les stratèges de son bureau. (rappelez-vous Christian Paradis durant la campagne électorale). Et s’il vous nomme ministre, votre situation risque d’être pire; vous sentirez encore plus que ce n’est pas vous qui décidez, mais lui et sa garde rapprochée, et cela sous votre nez, sans votre accord.

M. Deltell, vous êtes un honnête homme, n’allez pas vous lancer dans cette aventure. Il y a pouvoir et pouvoir, et celui qu’on vous offre chez les conservateurs est celui de démolir ce qui vous a tenu à cœur jusqu’ici, de détruire ce qu’il nous reste de démocratie et de recours citoyen. L’équilibre budgétaire n’est pas tout; il y a aussi la droiture et l’honnêteté, dont vous personnellement êtes capable. Mais ces qualités-là, on les a fourrées depuis longtemps sous le tapis, à Ottawa.

Bien à vous

Maryse Pelletier, citoyenne.

 

One thought on “Lettre ouverte à Gérard Deltell

  1. Charlotte Gingras dit :

    Cet article mériterait une place dans Le Devoir….

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