Soyez vous-même

J’ai noté que c’est une habitude qu’ont les êtres vivants d’essayer de vivre plusieurs vies à la fois. On emprunte des événements provenant de l’expérience d’une autre personne et on essaie de les reproduire, même de les améliorer, dans notre propre vie. Partout, on appellerait cela du plagiat : choisir un passage de ce qu’une autre personne a dit ou écrit, et prétendre que ça vous arrive ou que ça vous est arrivé.

J’ai eu la chance de me rendre compte, au cours de ma vie, que cette façon de faire naît de l’avidité, de la soif de vivre, et fait de vous un voleur beaucoup plus important que si vous dérobiez des millions de dollars à banque. Le châtiment est à la hauteur du crime ; vous êtes tellement occupé à voler la vie des autres que vous avez très peu de vie à vivre qui vous appartient. Prendre un exemple et tenter de le vivre est comme essayer de vivre la vie d’un papillon que vous avez épinglé sur une planche, encadré et accroché au mur. Laisser tomber le plagiat est un geste extraordinaire de laisser-aller pour devenir vous-même. Essayez-le, Ça en vaut la peine. Vous pourriez expérimenter une intensification de votre respiration qui ravive la réalité du présent. Soyez vous-même, pour changer (bellement).

Premièrement, cessez de vouloir être un exemple sur lequel les autres se moulent. Un exemple est une structure. Sa fonction est très douteuse et ne peut que donner lieu à une multitude d’interprétations limitatives. Les exemples sociaux ou antisociaux sont des papillons épinglés sur une planche, encadrés et accrochés au mur ; les deux sont morts. Un exemple « vivant » est une fantaisie après laquelle courent les esprits affamés qui ne connaissent pas l’ici et maintenant, et cherchent la vie dans le passé ou le futur ; ils refusent de vivre au présent de peur que les autres les transforment en exemples — un – deux – trois — vendu !, comme à l’encan, au plus offrant. Prochain article ?

Être un exemple ou en suivre un pourrait être seulement une autre vaine et glorieuse tentative de prouver l’immortalité en utilisant des procédés manufacturés.

Monica Hathaway, M104
traduction Maryse Pelletier

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