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Lever le doigt

Je suis allongée, prête à dormir. Dans mon demi-sommeil, j’ai conscience, c’est précis, que je lève l’index de la main gauche. Encore. Il m’arrive souvent de lever ce doigt, je ne sais pourquoi. Le geste est involontaire. Pourquoi, en effet, lèverais-je le doigt juste avant de m’endormir, par exemple? Je ne montre rien à personne, je ne parle pas, je ne… Est-ce une pensée spécifique qui m’amène à tendre l’index? Est-ce une habitude, tout simplement, mais, si c’est le cas, d‘où vient-elle?

Dans un demi-sommeil, j’explore mon esprit. Quelle pensée ai-je eu, qui s’est connectée à mon index et l’a fait bouger? Le potager à commencer? Le voyage qui ne m’a pas laissée courbaturée? Les cinq heures de route à venir pour me rendre voir la famille dans deux jours? La question sur le personnage principal de la série chinoise que je visionne, et qui, je le sens, va se faire torturer dans deux épisodes?

Je me perds. J’explore une forêt de pensées sans pouvoir suivre un sentier. Pendant cette exploration, je surveille mon doigt. Lèvera-t-il ou pas. Le voilà qui… Zut, j’ai encore perdu la pensée qui précédait le geste involontaire.

Bon, suffit pour cette nuit. Je recommencerai la recherche une autre nuit, un autre jour. Je pose mes mains bien à plat sur le drap et je me laisse aller dans le champ méconnu des blés sous le vent que je foule du pied et qui mènent au sommeil.

Mais voilà que, maintenant, c’est mon pouce qui…

Se réveiller, encore

Se réveiller à moitié, à cause d’un son aigu et répétitif qui perce la nuit et monte du corps de la maison jusqu’à la chambre tout en haut, se demander d’où provient ce son, il y a plusieurs possibilités, mais ne pas vouloir explorer davantage, le découvrir équivaudrait à devoir se lever, braver la fraîcheur de la nuit dans la maison dont la température nocturne est plus fraîche que celle du jour, aller jusqu’au réfrigérateur tout en bas ou jusqu’à la balayeuse au même endroit, vouloir se rendormir pour refuser de régler le problème, se sentir coupable, rassembler le peu de courage qu’on a à cette heure avancée et essayer d’identifier le bruit d’après sa fréquence et sa place dans la gamme des aigus (trois sons répétitifs, le frigo : cinq, la balayeuse : deux, le UPS, euh, oublié, a-t-on manqué d’électricité, j’espère que non), repousser les draps, la chaleur du corps de son amoureux et se lever, incertaine, faire un effort d’utilisation de ses méninges qui flottent encore dans l’ouate, descendre jusqu’au sous-sol pour constater que non, le bruit est au rez-de-chaussée, avoir froid aux pieds, ah c’est la balayeuse-robot, la décrocher de son socle, ça lui fermera le caquet, et remonter dans son lit, rendormie déjà, dans la chaleur toujours présente de la douillette…