Je me sens de plus en plus détachée de mon corps. Je suis à l’intérieur de ce corps, mais ce corps n’est pas moi. Il n’en est que le réceptacle. Et, plus il se fragilise, plus je me rends compte de la division entre nous deux. Bien sûr, s’il se fragilise trop, je deviendrai incapable de réfléchir, de penser, de m’émouvoir ; j’en suis dépendante : s’il n’est pas là, je n’y suis pas non plus (du moins je le pense) mais il n’est pas ma vie, mon être. Pas totalement.
C’est infiniment différent de la sensation qu’on a, plus jeune, selon laquelle notre corps est nous, qu’il est notre personnalité pareille à aucune autre, qu’il nous faut développer, mettre en valeur, faire briller, affiner pour bien paraître, pour réussir.
Ces années-ci, je suis beaucoup plus portée à préserver sa santé mentale qu’à refaire mon maquillage.