Monthly Archives: mai 2017

Méditants anonymes

Pourquoi se donner tant de mal? Pourquoi s’acharner?
Il n’y pas de quoi avoir honte! Nous sommes tous pareils
Une douleur au dos, un point aux côtes, un imprévu, un pouce foulé
Assis, assis, assis! Marche, marche, marche! Patience!
Quand la cloche sonne, retour à la besogne

L’aversion s’est déployée et a envahi l’espace
Le feu s’est échauffé et la fumée, densifiée
On a appelé ça aversion pure
Puis feu et glace se sont croisés et consumés
De la libération de cette énergie primaire sont nés chaleur et paix

Le ciel dessus, l’enfer dessous.
Environnements spacieux et rayonnement du Dharma
Peut-être que, cette fois, nous allons nous envoler pour de bon
Et échapper à jamais à notre affliction

Certains aiment se confesser discrètement
Moi je préfère battre mon tambour dans le vent

Il l’a fait, elle l’a fait, je l’ai fait, ils l’ont tous fait, nous l’avons tous fait
On est tous fatigués de ce faisage qu’on a fait
La cloche tinte, c’est terminé.

Toi et toi? Toi aussi?
C’est trop beau pour être vrai
J’aurais dû le savoir
Personne n’échappe pas à la glaire gluante
On dirait que le monde est petit, finalement

Monica Hathaway, M105
Traduction Maryse et Renée Pelletier

Orchidée de profil

Éphémères grâce et légèreté, pour cette gongora

Le monde des six sens

L’ouie en elle-même : reconnaissance de différents tons
La vue en elle-même: reconnaissance de différentes formes et couleurs
Le goût en lui-même : reconnaissance de différentes saveurs
L’odorat en lui-même: reconnaissance de différentes odeurs
Le toucher en lui-même : reconnaissance de différentes textures
La conscience en elle-même : reconnaissance de différentes combinaisons des ci-nommées cinq expériences sensorielles.

L’égo en lui-même : ce qui sépare les sens ci-dessus nommés en agréable et désagréable, souffrant et plaisant, bon et mauvais, clair et sombre, passé et futur, grand et petit, guerre et paix, permis et défendu, gagnant et perdant, naissance et mort, ciel et enfer, soi et les autres, créateur et destructeur, Dieu et Satan; ce qui joue avec les oppositions et provoque l’apparition du Samsara.

Le Samsara en lui-même : reconnaissance que le choix des opposés, que les états mentaux utilisent pour asseoir leur pouvoir, est essentiel à la continuité de l’existence. Dans ces états mentaux, le changement est vu comme la capacité de choisir.

Le changement tel qu’en lui-même : la reconnaissance de l’existence comme étant le jeu spontané des éléments.

Monica Hathaway, M105
traduction de Maryse Pelletier

Qu’est-ce qui ne va pas? Ça!

L’esprit du samsara, l’ego, dans son effort pour créer un état de conscience calme, cherche de façon paranoïaque la cause du gain ou de la perte d’un dérangement mystérieux, la cause d’un succès ou d’un l’échec, et en trouve, du genre :

« S’il ne m’avait pas fait ça, “ça” ne reviendrait pas me hanter ! »

« C’est ça qui ne va pas ! Il faudrait que je me le chasse de l’esprit, mais je ne peux pas ! »

« C’est toi qui ne vas pas, c’est toi qui me déranges. Alors, ou bien je te chasse de mes pensées, ou il faut que tu partes ! »

« Tu m’aides à rester calme. Il faut que je sois près de toi sinon je perdrai mon calme. »

« Ne me quitte jamais. Même la pensée de ton départ me perturbe. Il vaudrait peut-être mieux que je parte avant d’être trop impliquée. »

« Il faut que je m’enfuie de cet endroit qui ne me supporte qu’à moitié ! Personne ne comprend ma situation désespérée ! »

« Au secours  ! Je ne peux pas traîner tous ces gens, tous ces trucs dans ma tête. Ils me dérangent sans arrêt et me distraient de moi ! Dieu, aide-moi ! »

« Au secours ! Au secours ! Ma maison est en feu et mes enfants brûlent ! »

« C’est trop ! C’est plus que je n’en peux supporter ! Aide-moi à porter ma croix et je te récompenserai abondamment. Je t’ai eu ! »

Ou, peut-être :

Une vieille mémé vivait dans un soulier
Elle avait tant d’enfants qu’elle était embourbée
Elle pouvait les aimer, les nourrir, les bercer
Et les gifler tout plein avant de les coucher.

Laissez les morts enterrer les morts.

Monica Hathaway, M105
Traduction de Maryse Pelletier