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Le sens du contrôle

 

Je reconnais tout de go que j’aime exercer un certain contrôle sur mon environnement, particulièrement sur ce que je n’aime pas dans cet environnement. Mais mon besoin de contrôle se bute à des obstacles étranges, que j’ai dû observer pour arriver à les contourner. Mon exemple parfait : la présence des scarabées japonais sur la propriété.

Quand il fait soleil, les scarabées japonais, qui pullulent dans la région, se posent par centaines (en fait, par dizaines) sur les feuilles de mes vignes et les mangent jusqu’à n’en laisser que les veines. Une dentelle chiche. J’ai beau les cueillir, leur nombre me dépasse, me décourage, me frustre. Il en reste toujours, toujours, toujours.

Mais, quand il fait gris, ils sont moins nombreux alors j’ai l’impression que je les pousse tous, ou presque, dans mon eau savonneuse pour qu’ils y gigotent et meurent. Ces jours-là, j’ai l’impression d’avoir fait un vrai ménage, d’avoir sauvé au moins quelques jeunes feuilles de vigne que je pourrai cueillir pour les farcir éventuellement.

Bien sûr, la satisfaction qu’éprouve mon besoin de contrôle ces jours-là est tempérée par le fait que je sais que je fais tout ça inutilement. Mais, bon, on se console comme on peut dans des guerres perdues d’avance.

Y a un trou de soleil sur la montagne en face

« Y a un trou de soleil sur la montagne en face »

J’ai écrit ce vers-là il y a près de trente ans

Et je ne sais pourquoi il est resté tout seul

Sur le haut de sa page attendant une suite

Qui n’est jamais venue et qui ne viendra pas

 

Le soleil déménage le trou donc se déplace

Je le surveille au loin jusqu’à ce qu’il disparaisse

Laissant noire la montagne et bleu le paysage

Et moi insatisfaite d’un poème si bref

Que je dois l’éplucher pour savoir s’il existe

 

N’empêche je regarde tout là-bas sur ma droite

Et je vois le soleil qui s’est bien installé

Sur une pente douce quelques arbres poreux

Et qui fait comme un creux condensé de lumière

Un vrai trou de clarté sur la montagne en face

 

Y a un trou de soleil sur la montagne en face 

Y a un trou de soleil sur la montagne en face

 Y a un trou de soleil sur la montagne en face

Dissolution

Avant, j’avais tendance à penser que, à aimer penser que toutes les prières des orants, qu’elles viennent de ceux qui pratiquent quelque religion que ce soit, ou pas de religion du tout, ainsi que tous les gestes de pardon, d’amour, de générosité rejoignaient un courant invisible qui se déployait autour de la terre pour former une sorte de couche protectrice, de laquelle ne pouvait naître que du bien, ou du bien-être, pour plus d’êtres vivants – humains, animaux ou dragons de pierre. Et que, à la longue, tous les courants positifs et clairs finissaient par gagner du terrain sur les courants sombres et lourds, ceux qui transportent la haine, la violence.

 

Aujourd’hui je n’y crois plus. Il me semble que la générosité et l’amour sont fulgurants et se consument sitôt exprimés. Et je ne sais pas comment cette énergie est absorbée, ni par qui ou quoi, si elle l’est. Peut-être qu’elle crée seulement de la lumière. Oh, une toute petite lumière. 

 

Avec le temps, on se rend responsable de ses gestes d’amour et on les pose par choix, même dans un vide intersidéral.