Je cherche
un cor tibétain
un violon chinois
une viole mongole
un crissement de cordes éraillées
des cris proférés
des cris sans douleur
des cris sans sons
des cris muets comme des ombres
des cris du fond des âges
ceux des esclaves, des mourants-de-faim, des morts à la guerre, des violés, des révoltés, des assassinés, des amoureux abandonnés
J’entends ces cris
dans ma mémoire
celle du fond des âges
celle d’avant avant
ils explosent
mon haut-parleur
Si je pouvais
avec la viole tibétaine
le violon mongol
le cor anglais
rassembler ces cris
si je pouvais
j’en ferais un opéra insupportable
inécoutable
injouable
définitif
comme la mort
sans rémission
sans répétition
Puis le silence.
et le silence
et le silence